Est-ce que nos filles vont vraiment plus mal que les garçons ?
Malheureusement, oui. Les données récentes montrent que les adolescentes expriment davantage de mal-être, d’anxiété ou de tristesse que leurs camarades masculins. Et cette tendance s’accentue depuis quelques années. 😔
L’adolescence, c’est une étape charnière : votre enfant grandit, change, cherche qui il ou elle veut devenir. Dans ce tourbillon, il n’est pas rare que la confiance en soi vacille, que les émotions débordent, que les équilibres familiaux et scolaires soient bousculés. Et quand la santé mentale est fragilisée à ce moment précis, l’impact peut se répercuter sur la vie adulte : estime de soi, relations sociales, orientation scolaire, choix amoureux…
Cet article a pour objectif de vous aider à mieux comprendre pourquoi les filles semblent plus vulnérables, à repérer les signaux qui peuvent alerter, et à découvrir des pistes concrètes pour aider votre adolescente à s’épanouir pleinement. 🫶
Une génération sous pression
Quand les statistiques mettent en lumière la fragilité des adolescentes
On entend souvent que « l’adolescence est compliquée », mais derrière cette formule se cachent des réalités beaucoup plus préoccupantes. Depuis une dizaine d’années, les études montrent une hausse continue du mal-être chez les jeunes. Et parmi eux, les jeunes filles semblent payer le plus lourd tribut. 😦
👉 Selon l’enquête nationale EnCLASS menée par Santé publique France en 2022, près d’1 adolescente sur 3 de 15 ans présente des symptômes dépressifs, contre 1 sur 6 chez les garçons du même âge.
Encore plus préocuppant : 19 % des filles de 15 ans déclarent avoir déjà tenté de se suicider, contre seulement 7 % des garçons.
Ces écarts se retrouvent aussi dans les résultats de notre étude IAMSTRONG menée en 2024 auprès de 1 500 adolescents français :
- 47 % des filles disent avoir ressenti une forte anxiété, contre 32 % des garçons.
- 34 % des filles rapportent des épisodes de tristesse persistante, contre 18 % des garçons.
Anne-Claire de Pracomtal, psychologue et co-fondatrice d’IAMSTRONG, souligne : « Ces données révèlent une souffrance réelle chez de nombreux jeunes, accentuée par la pression des réseaux sociaux et le sentiment d’isolement. Il devient essentiel de proposer un accompagnement en santé mentale dès l’adolescence, afin de leur donner les clés pour mieux gérer leurs émotions et développer leur résilience. »
Ces chiffres ne sont pas seulement des statistiques abstraites : ils traduisent le quotidien de milliers de jeunes filles qui, derrière un sourire ou une bonne note, peuvent cacher un profond mal-être. 😢
Pourquoi un tel décalage entre filles et garçons ?
Les spécialistes parlent de différences liées au genre :
- Les filles se jugent souvent plus sévèrement, notamment sur leur apparence.
- Elles expriment plus facilement leurs émotions, ce qui rend visibles leurs souffrances, alors que les garçons peuvent les masquer derrière la colère ou des conduites à risque.
- Elles sont aussi plus exposées aux violences sexistes et sexuelles, ce qui alourdit leur sentiment d’insécurité.
- Enfin, leur cerveau adolescent, en pleine maturation et influencé par les hormones, est plus sensible au stress chronique, selon l’Inserm, dans un dossier sur les troubles anxieux.
En clair, nos adolescentes évoluent dans un environnement où les pressions se cumulent : scolaires, sociales, numériques, relationnelles. Rien d’étonnant à ce qu’elles se sentent plus souvent « à bout » que leurs frères ou camarades masculins.
Mais la bonne nouvelle, c’est que cette fragilité peut être entendue, comprise et accompagnée.
Anne-Claire de Pracomtal le souligne : « Il est essentiel de renforcer la prévention, en aidant les adolescentes à mieux gérer le stress et à acquérir des ressources pour protéger leur santé mentale. »
Ce qui fragilise la santé mentale des filles
L’image du corps et l’hyper-comparaison
La puberté est une étape où le corps change vite : poitrine qui se développe, hanches qui s’élargissent, boutons qui apparaissent. Pour beaucoup de jeunes filles, ces transformations sont difficiles à apprivoiser. Elles deviennent une source de complexes, parfois vécus comme un décalage avec les autres.
Dans les couloirs du collège ou du lycée, les comparaisons vont bon train : « Elle est plus mince », « Elle est plus formée », « Moi, je ne ressemble pas à ça ». Et avec Instagram ou TikTok, ce phénomène s’intensifie : les influenceuses affichent des corps parfaitement lisses, retouchés et mis en scène. 😞
Selon l’étude HBSC France 2018 (Santé publique France), près d’1 adolescente sur 2 de 11 à 15 ans se trouve trop grosse, même quand son poids est dans la norme médicale.
Ce terrain est propice aux troubles alimentaires, beaucoup plus fréquents chez les filles que chez les garçons. Certaines adoptent des restrictions sévères, d’autres alternent entre excès et culpabilité. L’alimentation devient un exutoire au mal-être. 🍴
Les standards de beauté irréalistes, véhiculés par la publicité et les réseaux sociaux, renforcent ce sentiment de ne jamais être « assez bien ». Et cette insatisfaction permanente fragilise directement l’estime de soi.
Le poids du stress et de la performance
Les filles réussissent en moyenne mieux à l’école que les garçons. Mais cette réussite cache souvent une réalité : une pression scolaire et sociale plus forte. Beaucoup veulent être « irréprochables » : bonnes élèves, amies fidèles, filles « parfaites » aux yeux de leurs parents.
L’étude IAMSTRONG 2024 montre que la peur de l’échec scolaire est une source d’anxiété beaucoup plus fréquente chez les filles. Ce stress constant, répété jour après jour, finit par peser sur l’humeur et la confiance en soi.
La crise sanitaire a ajouté une couche de difficultés. Isolement, cours à distance, perte de repères : certaines jeunes filles ont vu leur anxiété grimper en flèche pendant cette période. Et pour beaucoup, les effets se font encore sentir aujourd’hui, sous forme de fatigue, d’incertitudes et de doutes. 🤯
Sur le plan biologique, le cerveau adolescent est particulièrement sensible au stress chronique. Les zones impliquées dans la gestion des émotions (comme l’amygdale ou le cortex préfrontal) sont encore en pleine maturation. Exposées à de la pression, les adolescentes ont donc plus de mal à « décrocher » ou à relativiser leurs inquiétudes.
Les réseaux sociaux comme amplificateurs d’angoisse
Les réseaux sociaux occupent une place centrale dans la vie des adolescentes. Ils permettent de garder le contact, de rire, de s’inspirer. Mais ils imposent aussi une exposition au regard des autres.
Chaque photo postée devient un test : « Est-ce que j’aurai assez de likes ? », « Pourquoi elle, elle en a plus ? ». Une remarque blessante ou un commentaire moqueur peut suffire à gâcher la journée. 😥
S’ajoute la surreprésentation d’images « parfaites » : corps sculptés, vies de rêve, couples idéalisés. Même si les adolescentes savent que tout n’est pas réel, l’impact psychologique est bien présent.
👉 Et le cyberharcèlement n’est pas rare : insultes en messages privés, photos partagées sans autorisation, exclusions de groupes. Pour une adolescente, ces expériences peuvent avoir un effet dévastateur, renforçant l’idée qu’elle « ne vaut pas assez » ou qu’elle n’est pas à sa place.
Une plus grande exposition aux violences sexistes et sexuelles
Les filles sont plus exposées que les garçons aux violences sexistes et sexuelles, et ce, dès le collège. Cela peut prendre la forme de remarques déplacées, de moqueries sur le physique, d’attouchements, ou de diffusion de photos sans consentement.
👉 Selon le rapport de la CIIVISE On vous croit (2023), 5,4 millions de personnes en France déclarent avoir subi des violences sexuelles durant leur enfance, dont 80 % sont des femmes.
Cette exposition existe dans la sphère réelle comme en ligne : harcèlement de rue, pressions dans les relations amoureuses, mais aussi sextorsion. La sextorsion est une forme de chantage en ligne qui consiste à menacer une personne de diffuser des photos ou vidéos intimes la concernant si elle ne cède pas à une demande. ⚠️
Ces situations fragilisent profondément l’estime de soi et le sentiment de sécurité. Beaucoup de jeunes filles adoptent alors des réflexes de vigilance : rentrer accompagnée, vérifier leurs vêtements, éviter certains trajets. À la longue, cette hyper-attention devient lourde à porter et peut peser sur leur bien-être psychologique, jusqu’à les conduire à se replier sur elles-mêmes.
Comment aider les adolescentes à se renforcer ?
Valoriser leurs forces au-delà de l’apparence
À l’adolescence, l’image du corps prend une place énorme, parfois au détriment de tout le reste. En tant que parent, vous pouvez rééquilibrer les choses en mettant en avant les qualités qui n’ont rien à voir avec le physique : sa créativité, son humour, sa persévérance, sa sensibilité, sa capacité à aider les autres.
👉 Concrètement, cela peut passer par de petites phrases du quotidien :
- « J’admire ta façon de trouver des solutions quand tu es face à un problème. »
- « J’aime ton sens de l’humour, tu sais mettre de la légèreté dans la maison. »
Astuce : créez un rituel hebdomadaire où chacun, à table, partage une fierté personnelle de la semaine. Cela permet à votre adolescente de voir que ses réussites ne se mesurent pas uniquement à son apparence. 💫
Libérer la parole autour du stress et des émotions
Beaucoup d’adolescentes gardent pour elles leurs inquiétudes, par peur de déranger ou d’être jugées. Leur montrer qu’elles peuvent exprimer ce qu’elles ressentent est un cadeau précieux. 🫂
Vous pouvez ouvrir la discussion en posant des questions simples et bienveillantes :
- « Qu’est-ce qui t’a le plus stressée aujourd’hui ? »
- « Est-ce qu’il y a quelque chose qui t’inquiète en ce moment ? »
Il est important de rappeler que les émotions (même négatives) sont normales. Parler de stress ou de tristesse ne signifie pas être « faible ». Et si le mal-être devient trop lourd, chercher de l’aide auprès d’un·e psychologue, d’un·e coach ou d’un·e médecin doit être présenté comme une démarche naturelle, jamais comme un échec. 💪
Éduquer au numérique de manière active
Les réseaux sociaux ne peuvent pas être ignorés ou bannis du jour au lendemain. Mais ils peuvent être apprivoisés. L’idée n’est pas d’interdire, mais d’accompagner. 📱
👉 Comment faire ?
- Explorez ensemble les mécanismes des filtres et des retouches, pour montrer le décalage entre le réel et le virtuel.
- Parlez des algorithmes : pourquoi certaines vidéos apparaissent plus que d’autres, comment les plateformes cherchent à capter l’attention.
- Questionnez avec elle les modèles qu’elle suit : « Est-ce que ce contenu te fait du bien ou te met la pression ? »
Ce travail d’éducation au numérique développe un esprit critique et permet à votre fille de prendre de la distance face aux images « parfaites ».
Par ailleurs, sachez qu’une digital detox ne peut que faire du bien : prendre une pause des écrans permet de se recentrer, de réduire le stress et de retrouver un équilibre plus serein. 🧘♀️
Développer l’affirmation de soi
Savoir dire « non » est une compétence essentielle, mais rarement enseignée. Or, pour une adolescente, c’est une clé de sécurité et de confiance. ☺️
Encouragez-la à poser ses limites, que ce soit dans une amitié, une relation amoureuse ou même au sein de la famille. Rappelez-lui que son « non » a de la valeur, qu’elle n’a pas à se justifier pour protéger son confort ou son intégrité.
👉 Exemple : si elle n’a pas envie de prêter ses affaires ou de participer à une activité, son refus doit être entendu et respecté. Plus elle se sent légitime à s’affirmer, plus elle développera un sentiment de contrôle sur sa vie.
Pour l’aider, vous pouvez :
- Valoriser ses refus : «Tu as eu raison de dire non si tu n’en avais pas envie. »
- Lui montrer l’exemple : en tant que parent, exprimez vos propres limites (« Je ne peux pas maintenant, je suis fatigué·e ») pour lui montrer que poser un cadre est légitime.
- Mettre en scène des situations du quotidien : « Si une amie insiste pour que tu sortes alors que tu veux rester à la maison, comment pourrais-tu lui répondre ? ».
Les ressources inspirantes
Par ailleurs, voici quelques ressources qui pourront aider votre ado, mais qui pourront vous aider vous aussi, en tant que parent. 📚
- Le Secret des ados heureux (David Gourion) : un ouvrage écrit par un psychiatre qui propose des clés pratiques pour aider les adolescents à surmonter leurs fragilités émotionnelles et à cultiver leur bien-être.
- Derrière les masques : la souffrance mentale des jeunes (Collectif) : une enquête sociologique sur les parcours de jeunes en souffrance psychique, avec des analyses sur les besoins de prévention et de prise en charge.
- Adolescentes sur le fil (Marie Guyot et Béatrice Copper-Royer) : un ouvrage qui s’intéresse particulièrement aux défis psychologiques et émotionnels auxquels les adolescentes font face.
- Mieux comprendre la santé mentale des ados (UNICEF France) : une série de podcasts réalisés par des jeunes bénévoles, avec des invités comme Soprano et Paola Locatelli, qui abordent la confiance en soi et la gestion des émotions.
- Apprendre à aider — Comment aider un ado (PSSM France) : un podcast pratique qui donne des conseils sur le secourisme en santé mentale, avec des témoignages et des outils pour soutenir les adolescents en difficulté.
- “Je ne sais plus quoi faire avec mon ado” (IAMSTRONG) : un guide pratique qui aide les parents à gérer 50 situations du quotidien avec des conseils concrets pour restaurer le dialogue familial.
IAMSTRONG : un accompagnement sur mesure pour vos adolescentes
Quand on est parent, il n’est pas toujours simple de trouver les bons mots ni les bons gestes pour soutenir son adolescente. Parfois, malgré toute la bienveillance du monde, le dialogue se bloque ou le mal-être semble dépasser ce qu’on peut gérer à la maison. C’est là que nos coachs et nos psys peuvent jouer un rôle clé. 🔑
Chez IAMSTRONG, nous avons développé un accompagnement spécialement pensé pour les jeunes de 11 à 25 ans, avec une attention particulière portée aux adolescentes qui traversent une période de fragilité.
Grâce à une approche fondée sur les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et le coaching, nos professionnels soutiennent les jeunes à travers des méthodes concrètes, orientées vers des solutions et des progrès mesurables.
L’objectif n’est pas de « changer » l’adolescente, mais de l’accompagner étape par étape, en mettant l’accent sur ses réussites, pour renforcer sa confiance et l’aider à se sentir plus solide face à la vie.
Les séances en visio sont particulièrement bénéfiques pour les adolescentes, car elles offrent un cadre rassurant, loin de la pression d’un environnement en face-à-face. Cela leur permet de progresser à leur propre rythme, tout en se sentant en sécurité dans un espace où elles peuvent s’exprimer librement.
👉 Si vous souhaitez en savoir plus ou bénéficier d’un premier échange gratuit pour discuter de vos préoccupations, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec un coach IAMSTRONG.
La santé mentale des adolescentes est un enjeu majeur, mais ce n’est pas une fatalité. Oui, nos filles traversent une période de fragilité, mais elles disposent aussi d’un formidable potentiel de résilience. Avec un accompagnement adapté, elles peuvent transformer leurs doutes en force, leurs inquiétudes en ressources et leurs fragilités en leviers d’épanouissement. 🌟
En tant que parent, vous n’avez pas à porter ce fardeau seul·e·s. Votre présence, votre écoute et vos encouragements sont déjà des piliers essentiels pour aider votre adolescente à se sentir en sécurité et à grandir sereinement. Et lorsqu’il faut un soutien supplémentaire, des solutions existent pour l’accompagner pas à pas vers plus de confiance et de stabilité.
Chaque adolescente mérite de se sentir forte, soutenue et fière de qui elle est. Ensemble, nous pouvons leur offrir les clés pour s’épanouir et aborder l’avenir avec confiance. 💖