Puberté et complexes : comment aider son ado ?

 

Ces derniers temps, votre ado change de comportement : il ou elle passe un temps fou dans la salle de bain, se cache sous des vêtements amples, a tendance à se déprécier… Il est vrai que l’adolescence est une période très intense, jalonnée de bouleversements physiques et psychiques. 🤯

À qui la faute ? La puberté, encore elle. Dans cette période de transition, le corps de votre enfant se transforme et il peut avoir du mal à se familiariser avec sa nouvelle image. À l’approche de la période estivale, les complexes sont souvent exacerbés : les jeunes filles comme les jeunes garçons sont anxieux à l’idée d’exposer leur corps au regard des autres. 

En tant que parent, comment vous positionner pour l’accompagner ? Comment aborder le sujet des complexes physiques, sans aggraver la situation ? Et surtout, comment savoir si votre ado a besoin d’aide ? On vous répond.

 

Pourquoi nos ados sont-ils si complexés ?

Ce que disent les chiffres sur les complexes des ados pendant la puberté

Nos ados sont-ils tous et toutes complexés ? Selon la docteure en psychologie Holmqvist Gattario Kristina, ¾ des adolescents souffrent de complexes physiques. Tout en haut de la liste des complexes, on retrouve le poids (40 %), l’acné (20 %), la taille (15 %) et les autres particularités corporelles (les oreilles décollées, des taches de rousseur, des cicatrices.) 😒

Les complexes se déclenchent souvent à la puberté, période durant laquelle les caractéristiques sexuelles secondaires se développent et où le corps de votre enfant subit de profonds changements.

Contrairement aux idées reçues, les jeunes garçons complexent tout autant que les jeunes filles. Leurs insécurités ne sont cependant pas centrées sur les mêmes parties du corps et se manifestent différemment. Dans sa thèse, « Body image in adolescence: Through the lenses of culture, gender and positive psychology », la docteure observe cette distinction :

👉 Les jeunes filles sont plus souvent préoccupées par la minceur, le poids et l’apparence globale. Même lorsqu’elles complexent sur une partie très précise du corps (le nez par exemple), l’insatisfaction et la frustration se manifestent souvent par le désir de perdre du poids, même lorsque leur poids est normal. Ce serait un moyen pour elles de reprendre le contrôle de leur apparence.

👉 Les jeunes garçons sont davantage attentifs à la musculature et la forme générale de leur corps. Ils expriment souvent le désir d’avoir un corps plus dessiné, plus fort avec une silhouette en « V » (épaules larges, taille fine.)

Les changements physiques importants à la puberté

Pour bien comprendre d’où viennent les complexes de nos ados, on vous propose de revenir plus en détail sur la puberté. Concrètement, qu’est-ce qui change chez nos ados ? 🔎

👉 Chez les jeunes filles, la puberté commence généralement entre 8 et 14 ans et dure en moyenne 4 ans (temps nécessaire pour atteindre la maturité sexuelle.) Les jeunes filles observent différents changements sur leur corps :

  • apparition de la poitrine et de l’aréole des seins ;
  • apparition de poils pubiens et au niveau des aisselles ;
  • développement du clitoris ;
  • accélération de la croissance (en moyenne 8 cm/an) ;
  • élargissement des hanches et des cuisses ;
  • apparition des premières règles (entre 10 et 15 ans).

👉 Chez les garçons, la puberté commence un tout petit plus tard, entre 9 et 14 ans (en moyenne, à 12 ans)  et dure en moyenne 6 ans. Ils observent :

  • l’apparition de poils sur les organes génitaux, sur la poitrine et le visage ;
  • un développement de la musculature ;
  • une croissance du pénis et des testicules ;
  • un changement de leur voix ;
  • une accélération de la croissance (en moyenne 10 cm/an).

Si ces changements sont si difficiles à accepter, c’est parce que certains sont assez soudains (menstruations, premières éjaculations). Votre ado a beau y être préparé, c’est une chose de comprendre la puberté, mais c’en est une autre de la vivre dans son corps. Votre posture doit être dans la réassurance et l’accompagnement : ce que votre enfant traverse est normal, il ne doit pas culpabiliser pour quoi que ce soit. 🫶

Quête identitaire et comparaison à l’adolescence

La source des complexes se trouve très souvent dans la comparaison, le poison de l’adolescence. Durant cette période charnière, chacun évolue à son rythme. Tous les ados ne sont pas égaux face à la puberté : certains peuvent être déjà très matures physiquement à 12 ans quand d’autres n’en sont qu’aux prémices de la puberté.

La meilleure amie de votre fille a peut-être déjà de la poitrine, le voisin de table de votre fils n’a pas encore mué, son ami d’enfance a pris 8 cm en quelques mois… Bref, les ados se comparent entre eux et sont très critiques avec leur propre corps. ⛅

« L’arrivée à la puberté rendrait les jeunes très préoccupés et soucieux de leur image corporelle (taille et poids), de leur attirance physique et de leur niveau de maturation pubertaire ; l’appréciation de soi résulterait de la comparaison de ces différents aspects avec ceux des autres jeunes du même âge. » Perceptions de soi à l’adolescence, différences entre filles et garçons, Amélie Seidah, Thérès Bouffard et Carole Vezeau.

Ce décalage accentue le sentiment d’être différent, de ne pas être dans la norme, dans une période où ils ont justement besoin de se sentir inclus : un terreau particulièrement fertile pour les complexes.

Ados et complexes : quel est le rôle des réseaux sociaux ?

Instagram, TikTok, Snapchat, tous les réseaux véhiculent des normes de beauté inatteignables. Et le problème, c’est que nos ados y sont très largement exposés : près de 40 % des 13-25 ans passent entre 3 h et 5 h/jour à scroller. 😵

Dans leur revue « Instagram use and body Disatisfaction », les chercheuses Federica Pedalino et Anne-Linda Camerini étudient l’impact des réseaux sociaux sur la perception du corps chez les ados. Voici les points clés que l’on retient :

  • Un mécanisme de comparaison sociale ascendante : Sur les réseaux sociaux, nos ados sont exposés à des images de jeunes perçus comme “plus beaux”, “plus minces”, “plus musclés”, “plus populaires”… et se comparent sans même s’en apercevoir. Une réaction automatique qui pousse à se sentir “moins bien que les autres”.
  • Des modèles “accessibles”, mais pourtant inatteignables : Les influenceurs et célébrités qui s’affichent en ligne paraissent plus proches, plus “réels” que les mannequins des magazines. Mais leurs images sont retouchées, filtrées, soigneusement mises en scène. Nos ados, eux, les prennent souvent pour des références authentiques.
  • Un contenu centré sur le corps et l’apparence : Entre les photos modifiées, les hashtags comme #thinspo ou #fitgirl, et les commentaires sur le physique, le message est clair : le corps est une vitrine à optimiser. La beauté devient une norme à atteindre, source de pression constante.
  • Des publics particulièrement vulnérables : Les jeunes filles sont les premières touchées par l’exposition à ces contenus, elles développent plus souvent une insatisfaction corporelle. Mais les garçons sont de plus en plus concernés eux aussi :
    qu’il s’agisse d’hypermusculation, de virilité affichée, ou de quête du “corps parfait”.

En bref, nos ados sont largement exposés à des images filtrées, retouchées, qui véhiculent des standards de beauté incompatibles avec la réalité d’un adolescent. Nos jeunes manquent de recul sur tous ces contenus et s’identifient à des physiques qui n’existent pas. Ajoutez à cela, toutes les questions et les insécurités causées par la puberté et vous obtenez le cocktail parfait pour voir émerger et s’amplifier des complexes. 😶

 

Complexes physiques : pourquoi faut-il en parler ?

Si vous constatez que votre ado est complexé, qu’il ou elle n’ose plus se mettre en maillot de bain, s’isole ou a tendance à se déprécier, vous pouvez intervenir. On vous l’accorde, parler de puberté et de complexe avec son ado n’est pas toujours facile : vous avez peur de le ou la blesser ou d’empirer la situation. Mais dans les faits, il n’y a rien de pire que d’ignorer la souffrance de votre enfant. Savoir que vous êtes disponible pour lui, c’est capital pour qu’il ou elle se sente moins seul.e. 🩷

Pour certains ados, les complexes sont passagers. Cela dure quelques mois, le temps de s’habituer à leur nouveau corps. Mais pour d’autres, les répercussions peuvent être plus importantes :

Les complexes peuvent rapidement prendre racine et abîmer l’image que votre ado a de lui-même. En réponse à cette souffrance, il ou elle aura tendance à s’isoler ou à se faire du mal. 🫶 C’est pourquoi, si votre enfant est concerné, il est important qu’il vous identifie comme un adulte de confiance, une personne de référence avec qui parler en toute liberté.

 

Nos conseils pour parler complexes avec son ado

Parent : quelle posture adopter pour parler de complexes ?

Comment évoquer les complexes sans vexer son ado ? Quelles sont les choses à ne surtout pas dire ? Pour répondre à vos questions, nos coach et psychologues Erika Seydoux et Anne-Claire de Pracomtal, fondatrices d’IAMSTRONG vous proposent un petit guide :

❌ Ce qu’il faut éviter de faire :

  • Minimiser le mal-être de votre ado avec des phrases comme « Mais non, tu n’es pas gros(se), c’est dans ta tête. »

Même si vous pensez bien faire, ce type de phrase peut être vécu comme une négation de son ressenti. Son mal-être est réel et a besoin d’être entendu, pas balayé, pour diminuer.

  • Utiliser des phrases toutes faites

« Ça va passer. »
« Moi aussi je suis passé par là, tu verras ça ira mieux dans quelques semaines. »
Ces expressions, même bienveillantes, peuvent donner à l’ado le sentiment de ne pas être vraiment écouté. Il ou elle se sent seul(e) face à ce qu’il/elle traverse.

  • Le comparer à d’autres. 

Vous l’aurez compris, c’est souvent de ça que se nourrissent les complexes. « Regarde ta cousine, elle a 16 ans et elle n’a pas encore eu ses premières règles, c’est que tout va bien. » Même si vous vous voulez rassurant, ça n’a pas beaucoup d’écho auprès d’un jeune complexé.

  • Anticiper ou projeter des complexes.

N’allez pas chercher des soucis là où il n’y en a pas. Par exemple, si vous supposez que votre ado est complexé par sa taille alors qu’il ne l’est pas, vous risquez d’initier un complexe qui n’existait pas. Attendez qu’un signe, une remarque ou une émotion surgisse, pour ouvrir la discussion.

✅ En revanche, vous pouvez lui donner confiance en lui ou en elle, lui dire pourquoi vous êtes fier et où réside vraiment sa valeur :

  • Valorisez ce qui le rend unique 

Proposez-lui des questions simples, sans pression :

«Qu’est-ce que tu aimes bien chez toi ? »

«Est-ce qu’il y a un moment où tu t’es senti(e) fier(e) récemment ? »

Même s’il/elle ne répond pas tout de suite, ces questions ouvrent une brèche et prouve que vous êtes là sans jugement

Vous pouvez aussi verbaliser vous-même ce que vous admirez chez lui/elle :

« J’ai remarqué à quel point tu étais à l’écoute des autres, c’est une vraie qualité. »

Les ados vivent dans un monde saturé d’images lisses et filtrées.
Plutôt que d’interdire ou critiquer, engagez une discussion ouverte :

« Tu penses qu’elle est toujours comme ça dans la vraie vie ? »
« Tu crois que cette photo est retouchée ? »
« Toi, tu ressens quoi quand tu vois ça ? »

L’objectif n’est pas de “corriger” leur vision, mais de les aider à prendre du recul, à leur rythme.

  • Soulignez ses qualités humaines et ses forces intérieures

Ce sont celles qui construisent une estime durable.
Parlez de faits concrets :

« Tu te souviens comme tu as réconforté ton ami(e) l’autre jour ? »
« J’ai trouvé que tu avais vraiment géré cette situation avec courage. »

Ces moments sont précieux : ils ancrent la valeur de l’ado dans son vécu, pas dans son apparence.

  • Restez disponible, même dans le silence

Parfois, un ado ne parlera pas. Pas tout de suite.
Mais savoir que son parent est là, sans pression, fait une énorme différence.

Un simple :

« Si un jour tu veux en parler, je suis là. Tu peux tout me dire. »
peut suffire à créer un espace de sécurité.

 

Comment aider son ado à se sentir moins seul pendant la puberté ?

Si nos ados souffrent tant de leurs complexes, c’est aussi parce qu’ils sont souvent convaincus d’être seuls dans cette situation. Alors qu’en réalité, nous l’avons vu, une grande majorité des ados se sentent mal dans leur peau. 💛

En plus de votre soutien et de votre accompagnement, vous pouvez lui recommander des ressources faites PAR et POUR les ados. On vous recommande :

  • La série de podcasts proposée par Arte « Complexes d’ados » : 6 ados se confient sur leurs complexes à cœur ouvert.
  • Le podcast « Est-ce que c’est normal ? » animé par Agathe Le Caron, qui répond aux questions que se posent les ados pendant la puberté. L’épisode « Est-ce que c’est normal que je sois complexé ? » est très bien pour aborder le sujet en douceur.
  • Et pour vous ? On vous conseille l’épisode « Complexes des ados — on se dit tout » de La Maison des Parents. Une super émission pour comprendre ce qui se joue chez nos ados pendant la puberté.

Les professionnels qui peuvent accompagner mon ado

Si le mal-être persiste, n’hésitez pas à demander de l’aide auprès de professionnels qualifiés. 💫 Les complexes peuvent avoir un vrai impact que l’équilibre physique et psychique de votre ado, il ou elle a peut-être besoin d’un accompagnement plus soutenu.

Chez IAMSTRONG, nos coachs certifiés et psychologues aident les ados à prendre confiance en eux grâce à une approche positive, inspirée des Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC) et du coaching.

Notre accompagnement repose sur trois piliers : des séances individuelles en visio avec un professionnel choisi selon vos problématiques, des activités à faire en ligne pour approfondir le travail entre les séances, ainsi qu’un chat pour un soutien en continu.

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à prendre rendez-vous gratuitement pour faire le point.

Vous avez d’autres questions ? Rendez-vous sur notre blog dédié aux parents d’ados !

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