Scarification : les bons mots et les bons gestes pour accompagner son ado

La scarification est un sujet qui concerne de plus en plus d’adolescents. C’est un comportement difficile à détecter et à comprendre, et particulièrement préoccupant pour les parents. 😶🌫️
C’est souvent l’expression d’un mal-être profond et intériorisé. En tant que parent, il est tout à fait normal que vous vous sentiez démuni dans cette situation.
Nous avons donc pensé à cet article pour vous accompagner et vous aider à trouver les bonnes ressources pour soutenir votre ado.
Ce qu’il faut savoir sur la scarification
Qu’est-ce que la scarification ?
La scarification est le fait de se blesser volontairement pour ressentir une vive douleur. 😢 Il peut s’agir de :
- Scarifications superficielles : des incisions légères faites sur la peau, souvent sur des zones visibles mais faciles à cacher comme les poignets, les avant-bras ou le dos de la main. Ces scarifications sont un moyen de ressentir une douleur physique intense qui, momentanément, apaise la douleur psychique.
- Brûlures : ce type de scarification implique de brûler la peau, ce qui peut aller au-delà de la simple douleur physique. Dans ce contexte, les brûlures sont décrites comme une forme de punition auto-infligée, liée à un fort sentiment de culpabilité. La personne semble vouloir se punir pour une souffrance intérieure qu’elle ne parvient pas à exprimer verbalement.
Ces comportements traduisent une douleur psychique intense. L’acte de se mutiler ou de se brûler vise à soulager, même brièvement, un mal-être profond. Il est essentiel de comprendre que, pour l’adolescent, ce n’est pas une tentative de suicide, mais un cri silencieux, une manière de demander de l’aide face à une souffrance qu’il ne peut exprimer autrement.
« L’adolescent, en portant atteinte à sa peau, croit s’attaquer à sa surface mais, en fait, c’est à lui-même, en profondeur, qu’il voudrait accéder, et peut-être se transformer. De plus, il est particulièrement démuni des mots qui lui permettraient d’exprimer verbalement son mal-être corporel. Alors, quand il ressent une douleur intérieure, comme il n’a pas les mots pour l’articuler, il “parle” avec des gestes. » Scarifications chez les adolescents, marques d’un passage à haut risque, Catherine Rioult
La scarification, est-ce courant ?
Les comportements d’automutilation sont bien plus courants qu’on ne le pense. Ils concernent 4 à 10 % des adolescents scolarisés au collège ou au lycée, avec une forte prédominance chez les jeunes filles de 15 à 16 ans. Dans 80% des cas, les auto-mutilations concernent des jeunes filles.
Elles ont d’ailleurs plutôt tendance à se mutiler les bras, les mains, mais aussi la poitrine ou les parties génitales. C’est en général le signe qu’elles éprouvent des difficultés à accepter leur nouveau corps pendant la puberté.
« Se scarifier est une conduite solitaire, intime, généralement destinée à rester cachée, mais souvent aussi avec un désir ambivalent d’être montrée, dans la réalité ou via les réseaux sociaux.”, Anne-Claire de Pracomtal, psychologue et co-fondatrice de IAMSTRONG.
Pourquoi les ados se scarifient-ils ?
Les raisons qui poussent un adolescent à se scarifier sont souvent liées à un besoin d’évacuer un trop-plein de tensions intérieures. L’automutilation devient alors un moyen de canaliser une souffrance qu’il n’arrive pas à exprimer autrement. En déplaçant la douleur sur le corps, l’adolescent ressent un soulagement temporaire, la douleur physique venant se substituer à la souffrance psychique.
« Comme si une douleur visible, autogérée, maîtrisée, pouvait à la fois rendre compte et signifier l’incommensurable souffrance psychique. » Professeur Ph. Duverger, colloque Fil Santé Jeunes
Ainsi, la douleur visible permet à l’adolescent de prendre le contrôle, de maîtriser une souffrance qu’il juge incommensurable. Il peut trouver refuge dans ce geste lorsqu’il manque de mots ou de ressources pour exprimer ce qu’il ressent.
“L’automutilation est la manifestation d’un débordement d’émotions. Les adolescents ont besoin d’extérioriser ce qu’ils ressentent. Lorsqu’ils manquent de mots ou de ressources pour s’exprimer, ils trouvent parfois refuge dans ce type de comportement. Ils font sortir leur souffrance.” Anna-Claire de Pracomtal, psychologue et co-fondatrice d’IAMSTRONG🩵
Détecter les signes de scarification chez un ado
Comment savoir si votre adolescent se fait du mal ? Les ados ont tendance à se mutiler en cachette pour ne pas alarmer leurs parents, ou parce qu’eux-mêmes ne comprennent pas ce qui les pousse à adopter ce comportement. 🫤 Voici quelques signes qui peuvent vous mettre la puce à l’oreille :
- Votre ado porte régulièrement des vêtements couvrants, des manches longues et des pantalons, quelle que soit la saison.
- Il porte une accumulation de bracelets pour couvrir ses plaies.
- Vous trouvez des traces de sang dans sa chambre, sur ses draps, ses vêtements ou sa serviette de bain.
- Votre enfant présente régulièrement des blessures et prétexte une chute ou un accident.
👉 Plus globalement, vous pouvez aussi être attentif à tous ses changements d’humeur, s’il a tendance à s’isoler, à s’enfermer dans sa chambre… Cela ne veut pas forcément dire qu’il se scarifie, mais qu’il traverse un moment difficile et que vous pourriez lui venir en aide.
Scarification, commet aider un adolescent ?
Comment aborder le sujet avec un ado ?
L’automutilation est un sujet très délicat à aborder. Choisissez un moment calme et un endroit confidentiel pour discuter avec votre ado et le mettre en confiance.
“ Évitez d’aborder le sujet frontalement ou d’exprimer une forte réaction émotionnelle de colère, de peur, de dégoût ou d’énervement. La scarification ne doit pas être au centre de la conversation. Ne vous focalisez pas sur l’acte en lui-même, mais plutôt sur la santé mentale et le bien-être général de votre enfant.” Anne-Claire de Pracomtal, psychologue et co-fondatrice de IAMSTRONG.
💡Évitez de lui poser des questions comme : « Pourquoi tu te sacrifies ? Je ne comprends pas ton geste. » Préférez : « Comment te sens-tu, en ce moment ? Je suis là si tu as besoin de moi. » puis, pour aller plus loin : “Parfois, certaines personnes en grande souffrance se blessent intentionnellement. Est-ce de là que vient ta blessure ?”
Une fois le dialogue établi, il est important d’accompagner votre ado vers un professionnel qui pourra l’aider à comprendre et à surmonter ce qu’il traverse. Expliquez-lui que parler à un psychologue ou à un thérapeute est une démarche courageuse et positive, qui peut l’aider à trouver des outils pour mieux gérer ses émotions et son mal-être. Rassurez-le sur le fait qu’il ne sera pas jugé, mais écouté et soutenu. Vous pouvez dire, par exemple :
“Je vois que tu traverses quelque chose de difficile, et c’est normal de se sentir perdu parfois, beaucoup de jeunes sont dans ton cas. Un psychologue pourrait vraiment t’aider à évacuer ce que tu as sur le cœur. On peut chercher ensemble quelqu’un en qui tu te sentiras en confiance.”
Proposer de l’accompagner ou d’au moins tester une première séance sans s’engager peut aussi l’encourager à passer le pas. Rappelez-lui qu’il n’est pas seul face à cette situation. 💙
Ce qu’il ne faut pas dire à un adolescent qui s’auto-mutile
Lorsque vous abordez le sujet de la scarification avec votre adolescent, les mots et le ton que vous employez sont importants. Voici quelques recommandations :
- ne minimisez pas ses émotions et ses problèmes ;
- n’utilisez pas d’expression qui ne prennent pas en compte sa souffrance, comme “tu as une vie super” ou “les choses ne vont pas si mal” ;
- ne le touchez pas sans son accord, même si vous voulez juste lui toucher la main ou le prendre dans vos bras ;
- n’utilisez pas des termes ou qualificatifs blessants ;
- ne l’accusez pas de chercher à attirer l’attention, vous risquez de perdre sa confiance ;
- ne le poussez pas à se sentir coupable de l’effet que cause son automutilation sur autrui.
Le but est que votre ado se sente entendu, légitime dans sa souffrance et capable d’aborder ce sujet si intime avec vous. ❤️🩹
Quels professionnels peuvent vous accompagner ?
Plusieurs professionnels sont à même de vous soutenir pendant cette épreuve et d’accompagner durablement votre enfant. Il peut s’agir :
- d’un psychologue : un interlocuteur de confiance qui aide votre ado à identifier et à gérer ses émotions. Le psychologue remonte à la racine du mal-être et met en place des solutions pour apaiser votre ado ;
- d’un psychiatre : un médecin capable de poser un diagnostic précis sur la souffrance de votre jeune et de lui proposer des solutions médicamenteuses s’il juge cela pertinent. Il propose un accompagnement complémentaire au psychologue. C’est le professionnel à contacter en cas d’urgence ;
Vous pouvez aussi vous tourner vers d’autres ressources, comme une assistante sociale, une infirmière, ou des organismes spécialisés dans l’accompagnement des adolescents. Les maisons des adolescents vous reçoivent un peu partout sur le territoire, n’hésitez pas à vous renseigner.
❤️ Soyez conscient qu’il n’est pas possible de mettre un terme à la scarification du jour au lendemain et que votre enfant aura besoin de temps pour se rétablir. Ce que l’on cherche à atteindre dans la guérison, ce n’est pas seulement l’arrêt des comportements autodestructeurs, c’est aussi et surtout un mieux-être général et un équilibre psychique.
Enfin, en parallèle de son accompagnement avec un professionnel, vous pouvez lui proposer des alternatives quand la douleur ou les émotions ressenties sont trop fortes, par exemple, de :
- se frotter l’avant-bras avec un glaçon ;
- prendre une douche froide ;
- écouter de la musique forte ;
- taper dans un coussin ;
- sortir faire un sprint.
Ce ne sont bien sûr que des solutions temporaires pour calmer l’anxiété. Votre ado a besoin d’être suivi en parallèle par un professionnel de santé pour aller mieux sur le temps long.
3 ressources pour aborder la scarification
Si le sujet de la scarification est encore un peu nébuleux pour vous, voici 3 ressources pour vous aider à y voir plus clair :
- Le roman Ce que j’ai oublié de te dire de Joyce Carol Oates, qui suit la vie et les tourments de trois adolescents.
- Le Monde de Charlie, un très beau film qui aborde le sujet de l’automutilation par le prisme de la résilience.
- « Scarification ou tentative de suicide : les appels à l’aide des ados expliqués par une pédopsychiatre », un podcast dédié aux parents qui ont besoin de comprendre le comportement de leur enfant. 🫶
Pour aller plus loin
Vous observez un profond mal-être chez votre ado et vous vous sentez démuni ? Surtout, ne restez pas seul. 🫴
Les psychologues et les coachs IAMSTRONG accompagnent chaque jour des adolescents, dès 11 ans, dans toutes leurs problématiques : décrochage scolaire, difficultés relationnelles, conflit familial, mal-être…
La méthode IAMSTRONG est une méthode d’accompagnement positive qui aide les jeunes à renforcer leur confiance en eux et à surmonter leurs défis scolaires et personnels. Cette méthode innovante s’appuie sur les principes des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et du coaching pour offrir un accompagnement positif, personnalisé et concret.
Comment ? Grâce à une évaluation gratuite des besoins par un expert et un triptyque d’accompagnement efficace : des séances individuelles en visio avec un professionnel adapté, des activités en ligne pour apprendre à se connaître et du chat pour un suivi continu. L’impact de chaque accompagnement est mesuré.
Contactez-nous pour un premier rendez-vous gratuit.
Accompagner un adolescent en détresse demande du temps, de l’écoute et beaucoup de bienveillance. Rappelez-vous que chaque petit pas compte et qu’avec le soutien adéquat, votre enfant peut s’en sortir. 🌞
Vous avez besoin d’autres conseils ? Consultez notre blog consacré aux parents d’ados.