LGBTQIA+ et identité de genre à l’adolescence

Combien de familles ont été bouleversées par le coming-out de leur enfant ? Certains parents s’y attendaient, d’autres ont été pris de court. Parfois, les réactions sont instinctives, et les mots peuvent blesser. 

C’est la crainte de ce scénario qui freine tant de jeunes à affirmer leur identité. Pour éviter à ces jeunes de vivre avec l’angoisse de ne pas être acceptés pour ce qu’ils sont, il suffirait pourtant d’instaurer, le plus tôt possible un terrain favorable au dialogue, à l’écoute bienveillante

À l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, le 17 mai prochain, voyons ensemble comment aborder ces thèmes délicats en mettant de côté nos jugements.

 

LGBTQIA+ : guide pour parents

Petit point lexique

Le sigle LGBTQIA+ est utilisé pour représenter la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre. Il varie d’une manifestation à l’autre et évolue régulièrement pour inclure le maximum de personnes.

« Un militant, il est dans l’innovation sémantique et il fait évoluer des concepts. Si vous ne les faites pas évoluer, quelque part, vous invisibilisez des personnes. » Explique Matthieu Gatipon-Bachette, ex porte-parole de la Marche des fiertés parisienne.  

🤔 À quoi correspondent donc toutes ces lettres ?

  • L. pour lesbienne : une femme qui est attirée émotionnellement et/ou sexuellement par une autre femme.
  • G. pour Gay : désigne à la fois un homme qui est attiré émotionnellement et/ou sexuellement par un autre homme et une personne homosexuelle, quel que soit son genre.
  • B. pour bisexuel ou bisexuelle : personne qui est attirée sexuellement et/ou émotionnellement par une personne du même sexe ou de sexe opposé.
  • T. pour trans : personne qui a une identité de genre différente de son genre assigné à la naissance. À noter que les termes « trans » et « transgenre » sont à préférer au terme « transexuel », issu du monde médical, et qui peut avoir une connotation péjorative.
  • Q. pour queer : personne dont l’orientation ou l’identité sexuelle ne correspond pas au modèle social hétéronormé (Le Robert). Peut aussi faire référence au terme « questionning » (questionnement).
  • I. pour intersex : personne qui a les caractéristiques physiques appartenant à la fois au sexe féminin et au sexe masculin.
  • A. pour asexuel ou asexuelle : personne qui ne ressent pas/très peu de désir sexuel. Peut désigner le terme aromantique, une personne qui ne ressent pas/très peu d’attirance amoureuse mais peut ressentir du désir sexuel.
  • + : permet de rester inclusif avec toute personne qui ne se reconnaît pas dans les lettres précédentes.

Comprendre l’identité de genre, ce que disent les chiffres

Selon un sondage IPSOS, 10% des Français se déclarent LGBT+, un chiffre qui monte à 19% parmi ceux qui appartiennent à la génération Z (population née entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000). Les personnes transgenres, ou ne se reconnaissant pas dans le genre qui leur a été assigné à la naissance, ne représentent en revanche que 1% de la population française.

👫 Les enfants prennent conscience de leur identité sexuelle autour de cinq ans, et de toutes les caractéristiques qui sont propres aux filles et aux garçons (découverte des différences anatomiques, entre autres). C’est autour des années collèges (12/15 ans) qu’ils se posent le plus de questions sur leur orientation sexuelle.

La société américaine de psychologie déclare : « L’adolescence peut être une période d’expérimentation, et de nombreux jeunes peuvent remettre en question leurs sentiments sexuels. Prendre conscience des sentiments sexuels est normal lors du développement. »

« Est-ce que ce que je ressens pour mon camarade est une forte amitié, ou plus que ça ? », « Est-ce que c’est normal d’avoir fait un rêve où j’étais attirée par une personne du même sexe ? »

À l’âge où l’on se cherche, il est naturel que ces doutes émergent. Cela ne signifie pas pour autant que votre enfant va changer son orientation sexuelle.

Quoi qu’il en soit, si accepter soi-même, son orientation sexuelle lorsqu’elle « sort des clous » est un processus long, l’annoncer à son entourage est une étape toujours délicate. Le fameux « coming out » peut s’accompagner d’une forte crainte d’être rejeté et se révéler source d’anxiété. 😟

Pourtant, il est nécessaire, pour sa santé mentale, que le jeune se sente parfaitement en adéquation avec son identité. Révéler ce “secret” lui permet de se libérer d’une impression de jouer un rôle ou de « mentir » sur ce qu’il est, au plus profond de lui.

« J’ai refoulé mon homosexualité jusqu’à la fac. Je la vivais alors comme un « problème ». Puis j’en ai parlé à deux copines, via messagerie instantanée. Ça a été une vraie libération ! Si mes amis ont bien réagi, ce ne fut pas le cas de ma famille. Ils m’ont forcé à aller voir une psy. Au bout d’une heure de consultation, cette dernière m’a affirmé que je n’avais aucun problème, et que je n’avais pas de raison d’aller la voir. Aujourd’hui, tout le monde est au courant que je suis gay, et je l’assume complètement. » Raconte Luc, 28 ans sur Stophomophobie.com

 

Mon ado est LGBTQIA+, comment réagir ?

Créer un climat de confiance et de dialogue avec son ado

Pour aider son ado à s’épanouir sans crainte du jugement, il est essentiel d’instaurer dès l’enfance un climat de communication bienveillant et ouvert. 🤗

Avant même que l’adolescent exprime ses interrogations, montrez qu’il peut parler librement de tout sujet, sans crainte d’être jugé. Cela passe par des échanges réguliers et naturels lors de moments du quotidien (à table, en voiture, avant le coucher, en cuisinant). Plus ces discussions seront ancrées dans la routine, plus l’enfant et l’ado se sentiront en confiance pour aborder des sujets plus intimes.

Intéressez-vous à ce qui l’anime : ses passions, ses sorties, ses rapports sociaux. Il vous confiera peut-être ses joies et ses peines en amitié et en amour. Attention cependant à le laisser venir à vous !  Il ne s’agit pas de lui tirer les vers du nez, mais de lui donner l’occasion de se confier. 😉

Lorsqu’un adolescent traverse une période de doute ou de remise en question, son premier réflexe devrait être de se tourner vers ses proches pour en parler. Cela ne peut être possible que si, en tant que parent, on a toujours favorisé l’écoute et le dialogue sans minimiser ses ressentis. Par exemple, au lieu de répondre « Ce n’est rien, ça va passer », il vaut mieux reconnaître son émotion et l’encourager à explorer ce qu’il ressent.

Les règles d’or d’un échange constructif 💬

  • Ne pas infantiliser : Un adolescent a besoin d’être pris au sérieux. Minimiser ses doutes ou tourner en dérision ses préoccupations pourrait l’amener à se refermer.

✅ À éviter :
– “C’est juste une passade…”
– “Tu te prends trop la tête !”
– “À ton âge, tu devrais penser à autre chose.”

✅ À essayer plutôt :
– “C’est normal que tu te poses ce genre de questions.”
– “Je ne comprends pas forcément tout, mais je suis là si tu veux en parler.”

  • Partager aussi ses propres expériences : un échange n’est pas à sens unique. Se livrer en tant que parent sur des expériences personnelles, des doutes passés ou des réflexions permet de créer une confiance mutuelle. Pourquoi ne pas lui confier vos premières peines de cœur ? Il aurait la preuve vivante que l’on s’en relève 😛, et surtout qu’il peut s’autoriser à être vulnérable avec vous, sans peur du jugement.
  • Faire preuve d’ouverture d’esprit : les adolescents sont très attentifs aux réactions de leur entourage. Un commentaire négatif sur un reportage ou une discussion sur des sujets comme la diversité ou l’identité de genre pourrait les dissuader de s’exprimer par peur du rejet.

✅ À éviter :
– “T’as vu comment il est habillé ? On dirait une fille.”
– Soupirer ou changer de chaîne devant un sujet LGBTQIA+ ou sur la diversité.

Mieux vaut encourager le dialogue en leur demandant leur point de vue et en valorisant la tolérance et la bienveillance : “Tu as pensé quoi de ce reportage ?”. Un film, une série ou un podcast bien choisi peut être une super porte d’entrée pour aborder les sujets sensibles sans frontalité (cf nos recommendations en fin d’article).

Dépasser ses préjugés

Nos croyances et schémas de pensée sont influencés par de nombreux facteurs : éducation, environnement, histoire personnelle, religion, etc.

Pour accompagner son adolescent avec bienveillance, il est essentiel d’adopter une posture d’apprentissage et de remise en question, plutôt que de s’accrocher à des idées toutes faites. 🙅

Si vous, ou votre conjoint, avez des préjugés sur les personnes LGBT+, il ne s’agit pas de culpabiliser, mais plutôt d’adopter une démarche proactive pour mieux comprendre. Très souvent, les intolérances découlent de la méconnaissance : on craint ce que l’on ne s’explique pas.

Se renseigner, écouter des témoignages, lire sur le sujet (voir nos ressources, un peu plus bas) ou même échanger avec un professionnel peut permettre de déconstruire certaines idées ancrées et d’élargir son regard.

🫶 Votre adolescent appréciera certainement de constater que vous faites l’effort de vous ouvrir et de vous informer. N’hésitez pas à dialoguer avec lui, à partager vos découvertes, lui poser des questions sur les points qui vous semblent encore flous. Il ne s’agit pas d’avoir toutes les réponses, mais de montrer une réelle curiosité et une envie de comprendre.

Évaluer son mal-être

Se sentir différent de la plupart de ses camarades n’est jamais simple à vivre. Cela peut susciter toute une palette d’émotions : confusion, inquiétude, solitude…

Dans ces moments-là, votre rôle de parent est essentiel. Vous pouvez être cette présence rassurante à laquelle il peut se confier sans crainte.

Pour l’aider à mettre des mots sur ce qu’il traverse, privilégiez les questions ouvertes, sans jugement, comme :

« Depuis quand tu ressens ça ? » ou « En quoi cela représente-t-il un problème, pour toi ?” sont des questions à lui poser, pour évaluer l’intensité de son mal-être.

L’important est de faire sentir à son adolescent qu’il est n’est pas seul.

Accompagner son enfant dans la connaissance de soi

Si votre enfant ou adolescent exprime des interrogations sur son genre, il est normal de se sentir déstabilisé. L’important est de ne pas paniquer ni culpabiliser, mais d’adopter une posture bienveillante et ouverte pour l’accompagner sereinement.

Chez certains enfants, ces réflexions sont passagères et font partie d’une recherche d’identité (dans son ensemble), typique de l’adolescence.

Pour d’autres, elles s’installent dans la durée et traduisent une démarche plus profonde. Il est difficile de savoir immédiatement où cela mènera. Quoi qu’il en soit, il est essentiel de leur offrir un espace où ils peuvent explorer leur identité sans crainte du rejet ou du jugement.

L’écoute et le respect sont primordiaux. Encouragez les échanges et reconnaissez la légitimité des ressentis de votre ado. Le rôle des parents n’est pas d’influencer ou de diriger la réflexion, mais de poser un cadre sécurisant. En offrant à votre enfant des bases solides, vous lui permettez de cheminer à son propre rythme et de construire son identité.

💡 Si vous sentez que vous, ou votre conjoint·e, avez du mal à dépasser certains préjugés, mieux vaut ne pas laisser la situation s’envenimer. Pour préserver l’équilibre familial, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel. Une intervention extérieure peut aider à rétablir le dialogue et à renforcer les liens avec votre enfant.

🌈 Mon ado fait son coming out : les 5 erreurs à éviter

Apprendre que son enfant s’identifie différemment sur le plan de l’orientation sexuelle ou du genre peut susciter de vives émotions, mais attention, votre réaction aura un impact direct sur son bien-être. S’il a trouvé le courage de se dévoiler enfin face à vous, voici cinq erreurs à éviter :

  • 1. Nier son identité

Qualifier cela d’« effet de mode » ou penser qu’il cherche simplement à attirer l’attention risque de briser la confiance entre vous. Un manque de reconnaissance et de soutien parental augmente le risque d’anxiété et de dépression chez les jeunes LGBTQ+.

  • 2. Minimiser

Minimiser son ressenti peut également affecter sa santé mentale. Ses questionnements sont profonds et méritent d’être pris au sérieux, quel que soit son âge.

  • 3. Le comparer aux autres

Comparer votre enfant aux autres ados ne fera que renforcer un sentiment de dévalorisation. Chaque parcours est unique, et l’accompagner avec bienveillance est bien plus précieux que de chercher à le faire « rentrer dans une norme ».

  • 4. Exprimer votre déception

Si votre ado ressent que son identité vous attriste, il risque de développer une culpabilité pesante et de se refermer sur lui-même. Accueillez son annonce avec amour et assurez-lui que cela ne change en rien la relation que vous partagez.

  • 5. Le considérer différemment

Votre enfant reste la même personne, avec les mêmes valeurs et les mêmes rêves qu’avant son « coming out ». Maintenir une relation inchangée est le meilleur moyen de lui montrer qu’il est accepté, aimé, sans condition.

💛 Si votre enfant a choisi de se confier à vous, c’est qu’il vous fait confiance, bravo pour cela. C’est normal que cela vous bouscule, que vous soyez surpris, déstabilisé ou que vous ayez besoin de temps pour intégrer cette nouvelle réalité. L’essentiel, ce n’est pas de tout comprendre tout de suite, mais de rester présent, à l’écoute, et d’exprimer votre amour de manière inconditionnelle. Ce lien que vous maintenez est un repère fondamental pour lui, aujourd’hui plus que jamais. 🌱

 

Les ressources clés pour mieux comprendre la communauté LGBTQIA+

Livres

À la manière d’un dictionnaire, cet ouvrage nous donne toutes les clés de compréhension des genres, à travers une nomenclature précise.

Une approche pluridisciplinaire pour expliquer pourquoi certains jeunes revendiquent une “identité de genre” différente de leur sexe biologique.

Podcasts

  • La chose étrange de Quitterie Chadefaux episode Coming In Coming Out, témoignages, pour les ados et les parents.

Le coming-out est bien connu, mais as-tu déjà entendu parler du coming-in ? Ce podcast aborde le long chemin intérieur, fait de doutes, de découvertes et d’émotions intenses.

  • “Coming out” de Elise Goldfarb et Julia Layani, témoignages, pour les ados et les parents.

Cet épisode donne la parole à des personnalités connues, et moins connues, qui racontent leur coming out et leur parcours pour s’accepter pleinement.

Instagram

  • Morgan Noam : « psy engagé » qui aborde avec intelligence l’actualité LGBTI+ à travers le monde et en particulier les questions trans.
  • lecoindeslgbt : actu, histoire, culture de la communauté LGBT+.
  • hellomynameiswednesday : Illustrateur non-binaire queer qui publie du contenu éducatif et des conseils pratiques par rapport à la santé mentale des personnes LGBTQ+.

 

Pour aller plus loin

Si vous sentez, en parallèle de tous vos efforts, que vous avez besoin de vous appuyer sur quelqu’un qui aura l’expérience et les mots justes, vous pouvez vous tourner vers un professionnel.

👉 Chez IAMSTRONG, nous pouvons évaluer gratuitement vos besoins pour vous conseiller le professionnel le plus adapté à votre situation.

Consulter un psychologue ou coach spécialisé peut offrir un espace de parole rassurant, autant pour l’ado que pour les parents.

De votre côté, vous pouvez rester présent, attentif, accueillir ses questions avec ouverture d’esprit, afin qu’il puisse grandir en étant pleinement lui-même.

Si vous avez peur d’être maladroits dans votre approche, n’hésitez pas à prendre contact avec nos professionnels, ils pourront vous accompagner dans ce cheminement.

Vous aimerez aussi lire...

💪 Rejoignez la communauté IAMSTRONG !

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription est confirmée.

Recevez chaque semaine notre Newsletter gratuite : des conseils concrets pour aider votre enfant à s’épanouir !